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Day 119 PCT : Mount Rainier National Park - Km 3745

  • vincentsouverain51
  • 18 avr. 2023
  • 4 min de lecture
17 août 2022 : 26 mi / 41 km - D+ 1250m / D- 1150m - Total : 2353 miles / 3792 km
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Depuis hier, je croise quelques randonneurs d’un jour, qui soit me demandent confirmation si je suis « thru-hiker », donc hiker du PCT, ou qui le devine. Tous me lancent des félicitations, des « you’re almost there », « impressive, you gonna make it ». Dès que nous rentrons dans un parc national, il y a plus de fréquentations et nous ne sommes plus seuls. Ces encouragements me font soudainement penser aux soutiens du début quand les gens n’en revenaient pas que nous allions jusqu’au Canada ou nous souhaitaient bonne chance car le chemin allait être long.

Je réalise que ça y est, ce chemin, je l’ai quasiment terminé. C’est incroyable.


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J’essaye toutefois de repousser cette pensée de plus en plus présente du dénouement et des émotions qui vont avec. J’ai un côté un peu superstitieux par rapport à ça, il reste encore 525 km, c’est plus de 3 UTMB, presque 1 GR5, 1 aller Reims-Chambery…

Tout peut encore arriver et ce n’est pas un long fleuve tranquille au vue notamment du dénivelé restant.

Et puis j’ai envie d’avoir les émotions intactes lorsque j’arriverai.


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Cette journée est encore très agréable mais il fait très chaud, la journée la plus chaude depuis que je suis dans le Washington, jusque 36 degrés.

En plus, nous sommes beaucoup à découvert, ce qui par contre donne l’occasion d’admirer les paysages, qui sont divers aujourd’hui.

Il y a beaucoup de belles prairies, type tourbières, dans lesquelles sont creusées des serpentins d’eau. Cela me fait penser aux pozzines en Corse.


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Nous longeons pas mal de lacs également. Certains ressemblent plus à des étangs, d’autres sont de vrais grands lacs.

Je n’ai que l’embarras du choix pour me baigner aujourd’hui, car vue la chaleur, j’ai bien l’attention de piquer une tête : Snow Lake, Fish Lake, Buck Lake , Dewey Lake, Sheep Lake, Deer Lake… c’est marrant comme les lacs ont souvent des noms des animaux qu’on peut justement trouver sur le PCT (sauf des moutons ou autre bétail).

Le lac Ginette d’hier reste l’exception.

Je choisis le lac Dewey pour la baignade bien rafraîchissante de 16h. Et pour dormir, j’opte pour le Sheep Lake. Dormir près d’un lac ou en face d’une montagne n’a pas son égal pour moi.


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Pour ma pause du midi, je prends de la hauteur et en guise de récompense après une montée très raide, je m’offre une vue sur 2 lacs au vert cristallin. Leurs noms : « Two Lakes » ! Quand on peut éviter de se décarcasser pour trouver un nom, autant aller droit au but. Ça me rappelle les « Thousands Lakes » dans les sierras…avec une petite tromperie sur la marchandise, il n’y en avait pas tout à fait 1000.


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Aujourd’hui, j’ai été éprouvé par les montées, sans doute à cause de la chaleur et indéniablement du pourcentage.

Avant de prendre ma pause , c’est un autre animal qui prend la pose ! Une marmotte. Je n’en avais plus vu depuis les Sierras. Celle-ci n’est sûrement pas en train de faire le PCT tellement elle est grasse la mémère ! C’est la première fois que j’en vois une aussi grosse. Il m’a fallu quelques secondes pour la reconnaître. On dirait presque un bébé ours ! Elle est différente aussi par ses couleurs. Un peu comme ma barbe, c’est un mélange de blanc, de roux et de noir, avec une prédominance de blanc.


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Cette étape est encore l’occasion de se gaver de la vue du Mont Rainier, qui se fait de plus en plus gros. Normal, nous venons d’entrer dans le parc national qui porte son nom.


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Dans mes rencontres du jour, je suis heureux de retrouver « Portal ». C’est une américaine que j’avais croisée dans la fin du désert avec sa copine « Scuba Juice ». Je me souviens qu’on avait bien rigolé avec elle un jour où le nom de trail de sa copine avait été trouvé.

Sa copine a arrêté le PCT à cause d’un décès familial.


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Je fais la dernière montée avec Portal jusque Sheep Lake et nous n’arrêtons pas de parler, de trail running, de nos vies perso et pro.

Elle est un peu artiste et elle a sorti un album d’électro-pop. Elle me file son nom d’artiste « Sabrie », et je ne manquerai pas d’aller la rechercher sur les plateformes d’écoute.

Elle a réussi à récupérer un concombre de touristes généreux sur le parking précédent la montée. Oui, je considère que le don d’un concombre pour des crèves-la-dalle comme nous et sous une chaleur écrasante est un acte hautement généreux !

Comme je l’ai déjà raconté, le genre de discussions que j’ai avec Portal en cette fin d’après-midi est rare et ça fait du bien. Et puis ça fait passé le temps très vite jusqu’au lac.

Nous trouvons tous les deux le Washington magnifique avec notamment ses fleurs sauvages diverses qui encore aujourd’hui ont bordé notre chemin.

Je suis vraiment sous le charme de cet État.


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Il y a eu un moment précis aujourd’hui où je me suis dit que j’allais écrire toute cette aventure.

C'était à la pause de 10h, en arrivant près d'une rivière. 2 femmes et leur neveu sont arrivés dans le sens inverse et ont commencé à me poser des questions sur mon aventure. Je n'ai pas éprouvé, comme d'habitude, le sentiment de me répéter. Au contraire, j'ai senti que je commençais à prendre un peu de recul. Je me suis senti très serein et à l'aise en leur parlant, jusque même dans l'expression et l'accent. Ils ont même cru que je venais d'un Etat de l'Est des Etats-Unis. Plutôt flatteur.

En les laissant repartir et en prenant quelques photos de plantes vivaces mauves appelées Lewis's monkeyflowers dont la forme en trompe fait penser à des Pétunia et le pistil à des orchidées, je me suis dit "il faut que j'écrive cette histoire, j'en suis capable", comme je suis capable de traverser les Etats-Unis à pied.

Entouré de cette nature généreuse, riche de ces diverses rencontres, et fort de la confiance que j'ai acquise dans cette marche, je ressens tout le potentiel pour un récit qui sera avant tout pour moi. Même si j’ai des moments de cette aventure marqués à vie, la mémoire quoiqu’on en veuille, s’étiole inéluctablement et il ne restera au fur et à mesure du temps que des bribes. Les mots, eux, restent intacts. « Ils sont la géographie du temps », ils sont la mémoire.


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