Day 51 PCT : col de Mather 3700m - Km 1340

10 juin 2022 : 19 mi / 30 km - D+ 800m / D- 1300m - Total : 885 miles / 1423 km

Nous démarrons la journée inquiets avec Pirate car nous ne savons pas trop où se trouve Mad Ermit.

Il était devant moi hier soir et je le croyais au camp avant moi. Or, il n’y était pas et je ne l’ai pas doublé.

Ce qui m’inquiète sont les rivières à traverser.

Il y en avait une avant la dernière montée très difficile car impossible de voir par où passer si ce n’est mettre les pieds dans l’eau en choisissant l’endroit avec le moins de débit.

Or, c’est pour ce genre de difficulté que nous nous sommes mis d’accord pour faire les Sierras à plusieurs. Ça et les traversées de névés surtout en descente des cols sont les éléments qui nous font rester ensemble.

Nous supposons qu’il est resté derrière car il était déjà tard quand nous avons attaqué la pente pour nous rapprocher le plus possible de Mather.

Mad Ermit, un peu comme moi, déteste rattaquer du dénivelé quand il a déjà passé un col dans la journée.

Je décide de ne pas partir du camp sans le voir arriver. Pirate part devant et nous attendra des qu’il y aura la neige à traverser.

En général, Mad Ermit se lève de bonne heure. Il ne devrait donc pas tarder.

Je suis rassuré de le voir passer devant moi vers 6h30.

Je peux donc me mettre dans ses pas. Il a effectivement établi le bivouac 4 kms plus bas, fatigué.

La journée peut enfin démarrer. Ça fait du bien de se serrer les coudes et d’être à trois à l’approche du col de Mather. Nous retrouvons Hide N' Seek juste avant l’attaque du col.

Nous progressons donc à 4 dans les lacets du col, qui ne déroge pas aux autres cols dans sa difficulté à trouver où il se situe exactement. Nous apercevons déjà au sommet, Sweeper, qui était allé plus loin que nous hier. Il est donc arrivé au col très tôt.

Nous nous retrouvons tous au sommet.

La descente est très technique à cause de la neige et des dalles de pierres à traverser pour retrouver le chemin.

Après quelques pas, je vois une possibilité de passage à droite mais il faut traverser une longue bande de neige encore vierge.

Je ne réfléchis pas à deux fois et décide de mettre mes crampons. Ils n’ont’ pas encore servi et je n’aurai pas souvent l’occasion de les mettre.

Je fais le pari qu’avec la neige dure puisqu’il est environ 8h, je tiendrai et ne m’enfoncerai pas dans des crevasses.

Le pari est gagnant ! Je traverse en descendant cette bande de neige et tout va bien. J’arrive assez vite à la limite de la neige et du chemin en pierre. Les crampons vous rendent la vie beaucoup plus facile dans la neige. Ils ne sont pas absolument nécessaires, mais le gain de temps et la réduction des risques sont des arguments qui se valent !

Les autres du groupe ont décidé de prendre une autre voie par les pierres, et finissent à peu près au même endroit.

Je suis vraiment content d’avoir fait le choix des crampons.

C’est marrant car dans la descente, l’eau est partout sur le sentier. Nous crevions tellement d’eau dans le Sud, ici l’eau est littéralement sur le sentier. Elle nous suit ou c’est plutôt nous qui la suivons.

Nous avons mis 2 bonnes heures à couvrir quelques mètres mais nous sommes tous sains et saufs !

La pause pique-nique au bord du lac Palisade est la bienvenue. C’est aussi un bel endroit pour fêter le tiers du PCT, ou presque.

La descente s’effectue dans un dédale de pierres en lacets très étroits, puis je débouche sur une forêt luxuriante.

J’aperçois une biche qui vient de traverser le chemin. Peu farouche.

Nous nous retrouvons à 5. J’ai envie de me baigner comme la veille.

Nous repartons dans le calme de cette forêt.

Pour la première fois, j’essaye de ne faire aucun bruit, un peu comme si je m’intégrais aux éléments.

Tandis que je retrouve Full Moon, je me fais la réflexion de la richesse de cette journée : un col, des névés, un chemin de pierres un peu technique, des forêts ombragées et luxuriante, et une tranquillité d’esprit.