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Day 83 PCT : l’ours et le scorpion - Castella - Km 2441

  • vincentsouverain51
  • 17 sept. 2022
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 11 janv. 2023

12 juillet 2022 : 24 mi / 39 km - D+ 1600m / D- 800m - Total : 1589 miles / 2555 km



Aujourd’hui est une journée très particulière à tout point de vue : l’organisation et les émotions.

D’abord je quitte mon emplacement de fortune trouvé la veille dans les bois parce que les campements avant et après étaient plein.

Je suis vraiment tout proche de Castella et je retrouve du réseau qui me permet d’appeler mes filles. J’ai hâte de les avoir car aujourd’hui, ce sont les résultats de leur bac de français. Je suis heureux non seulement de les avoir mais d’apprendre qu’elles ont toutes les deux obtenu 16,50 de moyenne. Comme d’habitude, elles sont proches l’une de l’autre et elles me rendent très fier.

La journée commence donc parfaitement.

Je passe ensuite le marqueur des 1500 miles. J’ai toujours du mal à réaliser que j’ai fait cette distance. La rondeur du chiffre me donne toutefois l’occasion d’être un peu plus conscient et de passer du temps à « célébrer » cette étape.



Le chemin débouche sur une route en bitume, qui est généralement le signe d’une arrivée imminente en ville. Il est bon de préciser que sur toute cette distance, le PCT réussit  à rester entièrement sur du chemin, et jamais sur du bitume ou même de la piste, en tout cas jusque là.

C’est plutôt exceptionnel.

Il faut longer une route parallèle au PCT pour arriver à Castella. Je m’attendais à une ville, même très petite mais Castella tient en réalité en une station-service et une Poste dans laquelle m’attend un colis et plus précisément mes nouvelles chaussures. Le fait qu’il y ait une Poste m’a mis sur la mauvaise piste.



Du coup, pour le ravitaillement, je dois me contenter de cette station service, qui est encore moins bien fournie que les autres et dans laquelle les prix sont multipliés.

Je comprends mieux pourquoi beaucoup de hikers choisissent de se rendre à Dunsmuir qui se situe dans le sens opposé.

Faute de choix, mes repas pour les 5 prochains jours seront exclusivement composés de Ramen et au même goût : boeuf… matin et soir ! C’est tout ce que je peux trouver d’à peu près consistent. Ça va être long !

Je trouve du réconfort à mettre mes nouvelles chaussures après plusieurs jours à jouer Cendrillon.

Le changement de chaussures fait partie de ces moments de plaisir et de soulagement sur le PCT.

Je passe le reste de la journée à rester assis contre La Poste, à attendre d’avoir des nouvelles de Yoshida et de Flo.

C’est le dernier jour de Flo aujourd’hui et j’aimerais bien le revoir avant son départ.

J’ai la sensation qu’ils ne sont pas très loin derrière et je suis prêt à passer la nuit au camping de Castella s’ils arrivent plus tard dans la journée ou même demain matin.

En fin de journée, je décide d’anticiper et d’aller au camping. J’en profite pour prendre une douche en attendant.



Enfin, j’ai un appel de Gaspard (Yoshida) qui me dit qu’ils ne seront pas là avant le lendemain en fin de matinée.

Je suis pris dans un vrai dilemne car je ne me vois pas avancer sans revoir mon compagnon de départ et en même temps si j’attends trop longtemps, je risque de mettre en péril mon projet de revenir pour refaire une partie du PCT.

Nous réussissons à trouver le bon compromis en passant un long moment sur Whatsapp, et je prends finalement la décision de repartir sur le chemin. Il est déjà tard, près de 20h et j’envisage de marcher un peu de nuit.

C’est quelque chose que j’aime bien faire quand je fais de la compétition de trail ou quand j’y suis imposé par les horaires d’une course. Contrairement à beaucoup, je trouve cela grisant et euphorisant de marcher de nuit, du moment que je ne cumule pas plusieurs nuits.

J’adore le calme de la nuit et le fait de grimper, comme c’est le cas là en repartant de Castella, n’annihile pas ce plaisir.

A peine la montée commencée, je croise un joggeur dont la sueur devrait me dire que c’est la conséquence de ses foulées.

Or, je vois à son visage qu’il a l’air inquiet et que c’est sûrement dû à quelque chose qu’il a vu…

En effet, il se précipite vers moi pour me prévenir qu’il a vu un serpent à sonnette en plein sur le chemin. Je ne veux pas passer pour le gars blasé qui en a déjà vu quelqu’uns depuis le début et qui a appris à ne plus avoir peur. Aussi, je fais mine d’être un peu inquiet et le rassure sur ma vigilance, et le remercie.

Le reptile est à un mile environ de notre rencontre dans la montée…

J’avance donc en surveillant mes pas et j’arrive au mile annoncé et là, derrière le buisson après la première pente, en effet je vois la bête et malgré moi, j’arrive à être étonné… non pire, je suis bouche bée, arrêtée, les yeux ronds comme des billes… je ne m’attendais pas à la taille de la bête et sa proximité… sauf que ce n’est pas un crotale que j’observe mais … un ours !!



Ça y est, le moment est arrivé, il est là devant moi à à peine quelques mètres, le moment est aussi beau que furtif. Je le vois, il me voit et il se met aussitôt à courir, à détaler tel un animal de dessin animé qui à peine le coup de rein donné n’est déjà plus là et laisse une trace de fumée derrière lui.

Le bruit est sourd, la vue est troublée… entre le moment de la rencontre et son départ précipité dans l’obscurité de la forêt, peut-être 3 secondes ! Même pas le temps de cligner des yeux et de refermer la bouche.

Je l’entends toujours un peu mais je ne le vois plus.

Je reste saisi par cette rencontre pendant quelques minutes.

Comme on me l’avait souvent dit, c’est au moment où je ne l’espérais plus et que je l’avais enlevé un peu de mon esprit qu’il apparaît. Le mot est juste, c’était une apparition mais bien réelle.

J’aurais rêvé qu’il reste un peu plus longtemps, que je puisse avoir le temps de dégainer mon appareil photo, mais la furtivité du moment le rend finalement encore plus magnifique et intense.

Je reprends mon chemin, décidé à marcher de nuit. La perspective de revoir d’autres ours si le coin est propice, me motive, à condition bien sûr qu’ils restent a bonne distance.

Je ne peux m’empêcher de repenser à la décision que j’ai prise de finalement reprendre le chemin et de ne pas attendre Flo et Gaspard.

La vue de ce 1er ours me conforte dans la bonne décision que j’ai prise. Et encore une fois, comme j’ai pu le dire déjà avant, cette rencontre n’est pas un hasard.

Je reprends donc ma route de nuit encore plus grisé que d’habitude.

Une fois la nuit définitivement tombée, c’est un autre animal que je n’avais pas encore vu sur lequel je tombe ou plutôt sur lequel j’ai failli marcher : le scorpion.

Pensant d’abord qu’il est mort, je le bouge légèrement avec une brindille ne serait ce que pour le déplacer du chemin.

Cela doit être une technique de sa part pour ne pas être dérangé, car l’animal est bien vivant et se met en mouvement tout en restant sur le chemin.

Après quelques clichés, je le fais fuir pour que personne ne lui marche dessus.



Décidément, c’est un festival ce soir. Il ne manquerait plus que le puma et je serais comblé ! Mais je suis content de ne pas le voir, car si cela arrivait, cela voudrait dire que c’est plutôt lui qui a décidé de me voir ce qui n’est pas forcément bon signe.


Je me contente d’autres bruits assourdissants qui me font penser que ce sont peut être d’autres ours. Je sors la caméra, m’imagine dans « Blair witch  » car je ne capte que des bruits et je n’ai aucune visibilité mais loin d’avoir peur, je suis excité comme un enfant.

Je marcherai jusqu’à 3h du mat’ cette nuit là en me farcissant un sacré dénivelé en partie dans les rochers et en dépassant  même mes camarades à la base loin devant moi et depuis longtemps endormis.

Je me contenterai d’un cowboy camping dans les règles de l’art, sur un matelas dur et sous un arbre bien choisi.

 
 
 

2 Comments


François
Sep 28, 2022

Génial Vince, c'est pour ce type de rencontre que ça vaut la peine de partir à l'aventure!!

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Richard PRADES
Richard PRADES
Sep 18, 2022

Tu l’as vu ☺️ 🐻 excellent 👌

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