Day 87 PCT : Etna - Klammath Forest - Fisher Lake - Km 2597

16 juillet 2022 : 14 mi / 23 km - D+ 700m / D- 550m - Total : 1686 miles / 2712 km

Je ne fais pas tout à fait un « zero day » aujourd’hui mais je passe une grande partie de la journée à Etna.

Cette petite ville n’est pas dénuée de charme, des cerfs se promènent un peu partout. On en voit dans les jardins des habitations. Je croyais que c’était des statues au début mais non. Limite, c’est moi l’intrus !

Le parc public qui est le lieu où nous avons le droit de poser notre tente est très agréable.

Ça fait du bien de temps en temps de pouvoir dresser la tente dans de l’herbe et au chaud.

Les douches sont à proximité ainsi que le centre ville pour aller faire les courses.

Dans les parcs américains, il faut toutefois faire attention aux gicleurs qui servent à arroser les pelouses et qui sont bien cachés dans le sol.

Nous en avons fait l’expérience hier soir avec Pirate alors que nous étions tranquillement installés sur des tables de pique-nique en train de discuter. Le système s’est déclenché d’un coup et il a fallu courir en pleine nuit se réfugier dans nos tentes. Heureusement que nous étions installés à l’écart. Certains n’ont pas prêté attention à leur emplacement et leur tente s’est retrouvée complètement trempée.

La matinée, comme d’habitude lors des étapes en ville, est consacrée d’abord au petit-déjeuner avec la surprise de trouver du Kouign amann dans la seule boulangerie d’Etna. C’est marrant car une pancarte indique la façon de le prononcer : « Queen Amann »… Il est très cher mais très bon.

Après le petit-déjeuner, place aux courses, et je termine la matinée avec la recherche d’une nouvelle tenue. Plusieurs raisons à ce changement. D’abord, je commence à en avoir un peu marre de ressembler à un clodo. Même lavé, mon short est irrattrapable tant la crasse est incrustée, ma chemise, elle, tient toute seule et elle commence à me gratter le dos. La 2eme raison : mes habits sont trop grands, je serre mon short au maxi et ça ne suffit plus. Je suis passé à la taille S et je pourrais même tenter le XS si cette taille existait pour Homme.

3eme et dernière raison : j’ai besoin de repartir à neuf psychologiquement. Après les déboires avec mes photos qui ont fait boule de neige sur d’autres manques et des remises en question, j’ai besoin de sentir comme un nouveau départ, symbolisé par une nouvelle tenue.

Avant de repartir sur le PCT, je décide de prendre une pizza chez Benny’s. Mes compagnons ont déjà déjeuné et repartent avant moi alors qu’une voiture s’arrête spontanément pour les prendre en stop.

Après la pizza, à mon tour de faire du stop mais celui-ci s’avère difficile tout simplement car aucune voiture ne passe. Au bout d’une bonne demi-heure, une jeep s’arrête devant et la conductrice me lance « hey, U-Turn ! ». Mais qui peut bien me connaître dans cette bourgade un peu paumée ?

Je reconnais « Jeep Angel » la femme de Walter White qui nous avait pris à Sierra City et que j’avais revu à Belden. Que fait-elle ici ?? Encore un de ces hasards incroyables sur le PCT ! Une seule voiture passe de toute l’après-midi et c’est une personne qui m’a déjà prise il y a 700 kms ! Nous tombons dans les bras l’un de l’autre et je lui demande ce qu’elle peut bien faire ici alors qu’elle accompagne son mari et qu’il est normalement bien devant nous.

Elle me dit que Walter a en fait attrapé le COVID à Belden et que juste après nous avoir quitté là-bas, son mari est revenu sur ses pas et qu’elle l’a emmené directement jusque Castella pour qu’il se repose. Il est donc passé derrière nous sans que nous le voyons et elle a décidé de l’attendre à Etna.

Comme elle l’avait déjà fait à Sierra City, en attendant son mari, elle propose des autostops gratuits aux hikers du PCT et ça tombe sur moi.

Elle me ramène donc jusqu’à Etna Summit, le point de la veille et je repars vers 16h.

Je repars donc sur le PCT assez tard mais reboosté par mes nouveaux habits et la rencontre avec Jeep Angel.

J’ai beaucoup aimé cette petite ville d’Etna, un peu aux allures de far West avec en même temps un petit côté colonial et très « Hiker friendly ».

Je passe les 1600 miles, et décide d’aller jusqu’au Fisher Lake. C’est à environ 35 km de là. Je vais terminer encore tard mais je traverse la chaine des « Marbles » dans un coucher de soleil naissant et on est au milieu de l’été. Tout va bien, c’est très agréable.

Sur le chemin, je fais une nouvelle rencontre, Tinkerbell, une jeune étudiante américaine très sympa avec qui je discute littérature US.

Je me fais la remarque qu’il y a beaucoup d’étudiant(e)s sur le PCT. La fenêtre temps est propice aux étudiants qui terminent leur année fin avril/début mai et qui reprennent en octobre.

Comme convenu, je pousse jusqu’au lac Fisher. C’est là aussi que mes 4 compagnons ont normalement décidé d’aller mais je ne les vois pas en arrivant. J’essaye de trouver une place mais ce n’est pas évident. Je suis entouré d’espèces protégées, fleurs sauvages et aussi… des cerfs qui trainent autour du lac. J’ai croisé également beaucoup de crapauds qu’il a été dur d’éviter tant ils sont, comme beaucoup de choses ici, d’une taille au dessus de la moyenne et nombreux.